De la colère aux larmes…

Voilà 2 mois ou presque que je n’ai pas eu le temps de toucher à mon clavier pour écrire…

Il faut dire que ces dernières semaines, la vie sociale a été riche… Hollande et Valls se sont attachés à pousser El-Khomri sur l’avant-scène pour défendre le projet de Macron, la loi des patrons… Sans compter que dans ma boîte c’est relativement chaud…

Si j’écris ce soir finalement c’est avant tout parce que ce soir je suis rentrée plutôt choquée de ma journée… Quand je vois ce soir Hollande nous expliquer que tout va bien que cette loi est une loi pour protéger les salariés, que licencier permettra de créer des emplois et le journal de France 2 qui nous explique que la mobilisation des jeunes a été violente, ce n’est pas ce que j’ai vu ou vécu !!

Aujourd’hui j’ai découvert l’odeur de la lacrimo, j’ai senti mes yeux cramer, ma gorge brûler alors que je n’avais rien fait ! que mes camarades n’avaient eux non plus rien fait !

Pour que la Police fasse son travail, qu’elle protège les citoyens, y compris quand ils s’expriment contre une loi (scélérate). Pour que l’Etat qu’il représente ne soit pas, au prétexte de l’Etat d’urgence, un Etat policier. Pour que le Police et ses CRS ne s’amusent plus à couper les manifestations, à les casser, à les empêcher de finir… Aujourd’hui nous devions rejoindre la place de la Bastille… Quel beau parcours : Stalingrad – République – Bastille… un parcours borné par les CRS et les policiers en civil armés de leur grosses bombes lacrimo mais pas identifiés de leurs brassards…

Arrivés à République alors que la manif était bon enfant, sans incident, sans violence. Les CRS s’amuse une énième fois à couper le cortège. Sauf que les jeunes ont continué à avancer, le groupe de CRS s’est retrouvé encerclé… on se demande bien ce qu’ils risquaient hein, mais au final ils se sont sentis en danger et ont commencé à sortir les grenades (j’ai vu circuler cette fameuse photo de policiers en train de prendre le pouls d’un manifestant qui en avait reçu une et elle reste gravée dans ma mémoire)… puis ils ont gazé, toute la place, à plusieurs reprises, plusieurs grenades de lacrimo ont explosé, et nous nous sommes rapidement retrouvés tous en larme alors que nous étions en fin de manif. Là tout le monde commence à se replier car les CRS chargent pourtant toujours aucune menace réelle, un mouvement de foule prend forme, un instant de panique qui aurait pu dégénérer gravement, heureusement les « habitués » ont calmé le jeu et il n’y a pas eu de blessés… Après ça de longues minutes d’hésitation pour tout le monde et les CRS eux en profite pour se déployer autour de toute la place et nous enserrer en elle. InfoCom décide de se replier dans un bar, oui, on aime bien chanter le ‘A la…’. Là encore on fait face à un niveau de bêtise de la compagnie CRS qui nous envoie à gauche, à droite pour sortir, on se faufile avec quelques camarades mais le Secrétaire Général est gratuitement repoussé alors même qu’il ne s’est pas engagé physiquement… Je croyais que les force de police n’avaient pas le droit de nous toucher tant qu’on était pas menaçant ??

Bref, tout ce long discours pour interpeller avant tout monsieur Cazeneuve. A l’heure où la France a été frappée par le terrorisme voulant remettre en cause les valeurs de notre pays, je m’interroge sur le fait même que l’attitude du gouvernement et des forces de police joue sur les mêmes lignes que Daesh, vouloir faire taire notre Liberté, notre Egalité et notre Fraternité, vouloir étouffer la jeunesse et l’opposition à ce projet terrible pour les salariés. Monsieur Cazeneuve je tiens à vous rappeler que la loi impose à « vos hommes », au contraire de nous tabasser, de nous protéger, nous manifestants… « Les manifestations sont réglementées de façon à prévenir les troubles de l’ordre public. Depuis le décret-loi du 23 octobre 1935, il existe une obligation de déclaration préalable : trois organisateurs de la manifestation doivent, au minimum trois jours avant l’événement, déposer une déclaration à la mairie ou à la préfecture indiquant leurs noms et domiciles, le jour, l’heure et l’itinéraire de la manifestation. Si la manifestation est finalement interdite, rien n’empêche ses organisateurs de saisir le juge administratif. Ce dernier opère un contrôle très vigilant sur les autorités de police, en exigeant que toutes les mesures de restriction en matière de manifestation soient strictement proportionnées aux nécessités de l’ordre public. »

La manifestation du jour Monsieur Cazeneuve était autorisée, validée par la préfecture de Police, et l’ordre public n’a pas été troublé ! Le 31 mars déjà les CRS s’étaient amusés à couper la manif, sous prétexte de passage de convoi, le 9 avril nous n’avons pas pu atteindre la Nation alors que les jeunes se faisaient tabasser sous nos yeux, aujourd’hui vos hommes nous ont stoppé manu-militari… Je tiens à vous rappeler Monsieur le Ministre que les manifestations sont régies par des règles et des lois, et que dans la mesure où elles ont fait l’objet d’une déclaration validée, la Police doit protéger, pas perturber ou interrompre les manifestants. Que dans le cas où la Police intervient elle doit le faire avec SOMMATION et dans le respect d’autrui (j’ai entendu des « Je suis Policier moi alors changez de ton » bien qu’on ne lui parlait pas mal, ou encore des flics qui disaient qu’il attendaient la CGT pour se battre avec)… Monsieur Cazeneuve, Monsieur Hollande, Monsieur Valls, Madame El-Khomri, nous empêcher de manifester c’est remettre en cause le fondement même de notre démocratie, la République (que vos hommes ont gazé ce jour) n’est-elle pas née entre autre de manifestations contre la monarchie ? N’est-ce pas remettre en cause notre Liberté ? Liberté de manifester, de s’exprimer, de manifester… Mettre en place cette loi patronale, n’est-ce pas remettre en cause notre égalité ? Casser les Nuits Debout, jeter la nourriture alors même que des gens en France crèvent de faim, n’est-ce pas mettre à mal notre Fraternité ?

J’en appelle à ce qui reste de gauche dans votre esprit pour vous rappeler que nos valeurs sont avant tout faites des luttes sociales, des manifestations qui par le passé nous on fait gagner des droits que vous voulez détruire !